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L'Histoire des Charitables de Saint-Eloi de Bethune - par Nordmag


L'HISTOIRE des CHARITABLES de SAINT-ELOI de BETHUNE remonte bien loin dans le passé : et cette Association peut donc être justement appelée une Antique Confrérie.
Depuis 1188, dans les dernières années du XII ème siècle, cette histoire ne s'est pas interrompue et, depuis huit siècles, la Confrérie n'a jamais cessé ses fonctions charitables, malgré la difficulté des temps, malgré les entraves qu'elle eut 8 subir en certaines circonstances de son existence.
Quel magnifique passé de dévouement, quelle fécondité de vie, quelle gloire pour la ville de Béthune de posséder une telle Institution !
Ce legs, si précieux du passé, est encore intact. Les Charitables sont toujours là, avec leurs traditions et coutumes primitives, à peine modifiées. Ils remplissent toujours les fonctions pour lesquelles ils furent établis, avec le même esprit de simplicité, de bonne humeur et de dévouement qui est leur caractéristique 8 travers les âges.
Devant un tel passé, devant ce présent plein de vie, qui oserait douter de l'avenir ?...
Cependant, les conditions de la vie moderne imposent leurs exigences et le renouvellement des Élection est, chaque année, assez long et laborieux.
La Confrérie est essentiellement laïque et possède une organisation indépendante, en entretenant les meilleures relations suce les corps constitués et le clergé.
Les Béthunois savent apprécier l'existence, chez eux, d'une Institution unique en FRANCE, et alors davantage ils voudront la garder, en choisissant d'être Confrères et la garder dans une vie pleine et large, débordante de santé et d'activité.
La garder, enfin, pour la transmettre à leurs enfants en vue de l'avenir, telle qu'ils l'ont reçue du passé, telle qu'elle est dans le présent.
Si on disait, aux Béthunois, que demain on démolira leur Vieux Beffroi parce-qu'il est un vestige inutile d'un passé qui ne reviendra plus et qu'il encombre leur place publique, tous se lèveraient afin de conserver intact ce glorieux témoin de leur histoire.
Pas plus que le Beffroi qui, depuis six siècles, les a vus passer tant de fois au pied de ses murs, les CHARITABLES ne peuvent disparaître.
Car, si Béthune ne serait plus Béthune sans son Beffroi, de même la ville ne serait plus elle-même sans son antique CONFRERIE DES CHARITABLES DE SAINT-ELOI.
Abbé Eloi GUILBERT. 18 Juillet 1933.


Notice Historique.

- Au Moyen-Age, la population civile et la garnison militaire, logées dans l'enceinte fortifiée de Béthune, doivent vivre dans une promiscuité constante avec les animaux domestiques et ceux de l'armée.
Cette situation s'aggrave lorsque les populations des villages voisins s'y réfugient dès que les circonstances de l'époque l'exigent et que les militaires s'y retranchent.
Des tremblements de terre dévastent la ville en 1013, 1080, 1086, 1093, 1094. Certains sont si violents, qu'ils provoquent des inondations et amènent la famine .à laquelle succèdent des maladies épidémiques.
Les rues sont étroites, bordées de maisons exiguës pour la plupart construites en bois. Les incendies sont nombreux, certains sont considérables en 1137, 1151.
Celui de 1156 qui détruit tout un quartier et le plus sérieux en 1176, quand la ville devient la proie des flammes et disparaît presque complètement. Les archives de la halle échevinale et celles de la collégiale Saint-Barthélemy sont brûlées.
Le sol marécageux d'une partie des communes de Béthune et de Beuvry favorise l'éclosion de mouches, de moustiques, de puces, de rats qui sèment à profusion des germes de maladies contagieuses, les plus variées.
En particulier aux années 1146, 1148, 1165, 1173.
- Au douzième siècle, l'église a défini le vrai sens de la mort et, près des cercueils ou linceuls, elle place avec les consolations de la foi, les espérances de la vie future et les délicatesses de la charité.
C'est à qui, d'amis ou de voisins, portent le défunt à sa dernière demeure, mais en cas de grave épidémie mortelle, les bras deviennent rares pour transporter les corps.
- 1187 : ROBERT V, dit le Roux, est Seigneur de Béthune, vassal du Comte de FLANDRE, PHILIPPE d'ALSACE.
PHILIPPE-AUGUSTE est Roi de FRANCE.
- Au cours de l'année, la peste noire se déclare en ARTOIS [Remarque de M. le docteur Bourgeois : faux] avec une certaine violence, les morts sont nombreux.
A l'automne et durant les mois d'hiver, l'épidémie se calme légèrement
- 1188 : La peste reprend au printemps, avec une nouvelle intensité qui fait que bientôt Béthune devient inhabitable. Beuvry est également dévasté par l'épidémie. Les places et les rues sont jonchées de cadavres de gens et de bêtes, elles aussi atteintes par le fléau, rendant l'air irrespirable.
Le peuple, d'instinct, se tourne vers Dieu, envahissant les églises et lieux saints, priant Dieu et invoquant Saint-ELOY en raison de sa possible protection et de sa popularité d'Evéque.
- 1188 : Le vingt et un septembre, jour de la Saint-MATHIEU, deux courageux maréchaux-ferrants (fèvres), GERMON de BEUVRY et GAUTIER de BETHUNE, se rencontrent à la source de QUINTY, située à la limite des deux communes, s'inquiètent de la situation dramatique des habitants, et se "font part d'un songe commun où Saint-ELOY leur est apparu en leur demandant de créer une Karité (Charité ou Confrérie).
- Sur les conseils du Moine ROGON de l'Ordre de CLUNY de SAINT-PIERRE d'ABBEVILLE, Prieur au Monastère de Saint-PRIX à BETHUNE qu'ils consultent et qui leur recommande de faire une chandelle de cire vierge et de la partager. Ils décident de fonder une Karité, afin de donner du pain aux pauvres, des soins aux malades, de consoler les mourants, d'ensevelir les morts et leur donner une sépulture.
Ils sont rejoints par des habitants de BETHUNE et de BEUVRY pour l'accomplissement de leur charité. Sur leur action, la peste recule et disparaît, mais les Karitaules (Charitables) continuent et persévèrent dans leur mission.
- Fin 1189, début 1190, ROBERT V leur concède un terrain sur lequel ils construisent une chapelle dédiée à Saint-ELOY, appelée aussi Chapelle aux Fers par les maréchaux-ferrants et qui devient leur première "Chambre".
Au XIIIème siècle, les Karitaules édifient, près de la source de QUINTY, la chapelle Saint-ELOY des Champs.
Détruite par la Révolution, la chapelle est reconstruite en 1827, agrandie en 1880 et réparée en 1921, après les graves destructions de la guerre 1914-1918.
En octobre 1940, un cyclone renverse le clocher qui n'est pas remplacé, d'où l'aspect actuel d'une tour couronnée de créneaux.

- Depuis 1188, les Confrairies de BETHUNE et de BEUVRY ont existé, sans interruption, observant Les règlements édictés par leurs fondateurs: et sont restées comme organisées dans leur forme primitive.
Cela attesté par des actes dressés sur parchemin du XIIIème au XVIIIème siècle, et par des livres d'heures (Registres) rédigés par les Prévôts jusqu'à présent.
Leur charte de fondation date du 26 octobre 1317, établie par Pierre DE NOGENT, Prieur de Saint-PRIX, cinquième successeur de ROGON.
- Les Confrairies, dissoutes le 15 fructidor de l'An V (1797) par la Révolution, mais continuant d'exercer discrètement leur charité envers les défunts jusqu'au 20 floréal de l'An X (1802), date à laquelle elles; furent autorisées officiellement à reprendre leurs traditions.
- Les Charitables, côtoyant au cours des siècles le Roi LOUIS XI, l'Empereur Charles QUINT et son fils PHILIPPE II Seigneur de BETHUNE, l'Empereur NAPOLÉON 1er.
Considérés par le Roi LOUIS XIV, les Présidents de la République Sadi CARNOT, Raymond POINCARE Albert LEBRUN, Vincent AURIOL, le Président du Conseil Georges CLEMENCEAU, le Président du Sénat Alain POHER, le Chef de l'État Philippe PÉTAIN.
Comptant parmi leurs membres associés le Roi LOUIS XV et le Ministre LOUVOIS.
Ils ont reçu des Indulgences des Papes GREGOIRE XIII, CLÉMENT VIII, URBAIN VIII et des lettres des Papes PIE XII, JEAN-PAUL II.
- Suite au refus des Charitables de se,plier à l'ordonnance, règlements et statuts édictés par Mgr PARISIS, Evêque d'ARRAS, en date du 21 septembre 1853, leur enjoignant de se soumettre à la tutelle de l'église ou à se dissoudre, la Confrairie de BÉTHUNE a choisi d'être essentiellement laïque. La Confrairie de BEUVRY s'inclinant à là demande du Prélat.
- Pour leur belle conduite au cours dé la guerre 1914-1918 qui vit la destruction presque complète: des communes du Pays d'ARTOIS, situées près du front de bataille, les Charitables ont été cités à l'Ordre de l'Armée le 9 février 1917, à l'Ordre de la Nation le 24 octobre 191$, reçu une lettre de félicitations du Ministre de l'Intérieur le 8 avril 1921 et la médaille de la Reconnaissance Française le 4 janvier 1938.
- Plusieurs Doyens, Prévôts, Mayeurs, Confrères, Officiers ou Chevaliers dans l'Ordre de la Légion d'Honneur et l'Ordre National du Mérite, dans le déroulement des années.
- Actuellement, les Charitables se donnent comme devoir de porter les morts en ferre ou d'accueillir leurs cendres aux cimetières.
Ils se donnent aussi: la mission de secourir les déshérités qui leur sont signalés.
Ils sont dévoués à leur pays, respectant tout ce qui est respectable, assurant 'gratuitement le service des inhumations par tous les temps, à tous, pauvres où riches, catholiques, protestants, juifs, ~: musulmans, libres penseurs, sans distinction de confession.
Ils sont tous bénévoles, secondés par leurs Consoeurs, et leurs ressources proviennent de familles donatrices ou de dons divers.
Ils proviennent tous de milieux sociaux différents, sont de bonne moralité, de toutes confessions ou athée, groupés en Confréries situées dans l'ARTOIS et à LA BASSES (NORD), dont certaines très anciennes.
- Les Charitables ont toujours entretenu les meilleures relations avec les Corps constitués et l'Évêché, mais conservé leur autonomie particulière. Ils ont, depuis leur création, le privilège, d'occuper une place d'honneur dans les défilés et processions. Ils se rangent immédiatement avant les autorités constituantes et religieuses. Ils ne les suivent qu'à leurs funérailles. Ce qui 'amène les Confrères à dire : "Tant que vous nous voyez, c'est que vous êtes encore de ce monde et que tout va bien".
- En récompense de leur dévouement, les Confréries ont reçu plusieurs Couronnes Civiques et Médailles d'Honneur de la Société Nationale d'Encouragement au Bien.
- Par une protection séculaire de Saint-ELOI, aucune maladie contagieuse ou simplement épidémique n'a jamais atteint les Charitables en exercice, depuis l'An 1188.
On peut leur appliquer la prophétie de Saint-ELOI : "Le fléau n'approchera point de vous ni même de vos demeures".

- L'anniversaire des Confréries de Charitables se fête le 21 septembre de chaque année, ou le dimanche suivant si cette date tombe en semaine.

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