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Beuvry la seigneurie.

La seigneurie dominante ou principale avait sous sa juridiction le territoire de l'église paroissiale qui permettait au seigneur de se proclamer seigneur du lieu. Lui appartenaient, le domaine ou réserve seigneuriale comprenant terres en culture, et appendices (moulins, fours) bois et marais, le revenu de toutes les tenures concédées à l'origine et la justice du lieu.
Tout le terroir ne coïncidait pas avec cette seigneurie .Le Marais Lavoué, les fiefs de Loisne, des Wastines, de Brusle, relevaient du château de Béthune et la Prévôté de Gorre de l'abbaye Saint Vaast d'Arras. Elle s'étendait en partie sur Sailly et Labourse, si bien que les seigneurs s'intitulèrent aussi seigneurs de ces deux localités ( XVI ème siècle) .

On ne sait que très peu de chose sur la seigneurie avant son achat par le comte d'Artois en 1266-1268. Ensuite, la présence d'un officier comtal, un châtelain à côté d'un bailli, la fera désigner sous les noms de châtellenie ou de bailliage.
Alain Derville a écrit un chapitre très documenté sur Beuvry à la fin du XIIIème siècle d'après le terrier d'Artois et les comptes de Beuvry du XIVème siècle. Quelques détails sont à rectifier mais l'analyse est excellente .

Le domaine.

Le château.
(Archives départementales du Nord )

Désigné sous le terme de forteresse en 1296 le château, en forme de quadrilatère d'une superficie d'une demi-mencoudée (20 ares, soit 45m de côté) (N, B15103,1450) comprenait 7 tours en 1451, dont deux avaient été construites peu avant 1330, de part et d'autre de la porte de derrière (sud?). L'une des tours, la plus haute était appelée le donjon. Les murs étaient en grès, pouvant atteindre « en aucuns lieux de 7 à 8 pieds d'épaisseur » (2.25 m à 2.60 m) . (N, B15887 bis, 1451).
Les « édifices de dedans » comportaient un grand corps de maison avec chapelle, 4 chambres à cheminée dont l'une est dite celle de Monsieur de Cröy (viager de 1409 à 1415), et une autre de Madame (Mahaut d'Artois) au début du XVème siècle (N, B1504) et une grande salle .
La porte de devant avec pont-levis n'était pas garnie de tours .
Les murailles entourant le château permettaient d'en faire le tour. Une basse-cour et des écuries sont signalées.

Les tours et la grande salle étaient couvertes de tuiles , quelques petites tourelles de « rost » ( roseaux).
Des réparations sont faites fréquemment, des bretêches, des hours sont ajoutés (P.d.C ; A143, 1297 ; A89, 1359 ; A777, 1380), un four est installé dans la cour pour les habitants qui s'y réfugient par crainte des Anglais (P.d.C, A477, 1380), tous travaux effectués lorsqu'il y a danger à l'égard des « alliés » (P.d.C, A370, 1319), des grandes compagnies (P.d.C,A91, 1362). Des hommes d'armes sont logés en cas de besoin : 3 et 32 sergents à pied, en 1297 (P.d.C, A143), 4 guetteurs et 11 sergents en 1320 (P.d.C A387 ; A729, 1368). Dans ces occasions le châtelain loge au château .Différentes armes sont énumérées .
Des fossés, les viviers, alimentés par la Loisne, entourent le château. Ils sont curés et faucardés régulièrement par le meunier de la Canchie, d'une largeur variant entre 8 et 16 m et de 2m 60 à 4m 50 de profondeur (P.d.C, A460, 1327 ; A 468, 472, 1328). Ils sont empoissonnés de temps à autre, de carpes surtout : 5 000 en 1330 (P.d.C, A 506) en 1365 (P.d.C, A713), 1360 (P.d.C, A721).
En mauvais état au début du XVIIIème siècle, le château est rasé en 1742-1743 (voir les seigneurs de Ghistelles).
Selon Alain Derville une ferme accompagnait le château mais aucun document n'y fait allusion, soit en location, soit pour des réparations .

Les moulins

Au tout début du XIVème siècle, 3 moulins font partie de la seigneurie :
Un à Gorre, sans doute à eau dont il ne sera plus fait mention les siècles suivants .
Le moulin à eau de la Cauchie (route de Béthune à Lens dans le village ) aurait été d'abord à huile et transformé en 1360 en moulin à blé (N, B 15031). La Cauchie sur planches et pilotis, bordait le vivier, sur le trajet de la Loisne. Il existait encore au XIX ème siècle (cadastre de 1840).
Le moulin à vent, à blé, à la limite de Sailly et Labourse, en bordure de la route de Lens ( B.S.A.M, 117è livraison, compte de Beuvry de 1302).
Un moulin à eau, à blé sur la Loisne, un peu plus bas que le vivier, nommé le Moulinel, de plus petite valeur et parfois manquant d'eau, qui n'existe plus en 1569 (centième).
Ces trois derniers moulins étaient banaux (N,B 15887, 1450).
Moulin de la Canchie et moulin à vent font assez fréquemment l'objet de réparations parfois importantes (comptes de 1302, ci-dessus). Le seigneur, Madame de Ghistelles, en 1762, possède en outre un moulin à huile, non banal, sur un terrain tenant à la route de Béthune à Beuvry (vingtième en 1762 ).

Les fours.

Deux fours, l'un près du vivier, derrière le château, l'autre sur la place (P.d.C.,A 163, 1301), couverts de paille, sont banaux pour environ 16 ménages en 1451 (N, B 15887 bis). Il n'en est plus fait allusion après le XVème siècle. C'est sans doute le second qui a donné son nom à la rue du Four (rue Pasteur actuelle) .

Les terres en culture.

Fin XIIIème siècle, selon A.Derville, la terre seigneuriale s'élevait à environ 150 mencaudées semées en blé et en avoine. Ceci demanderait vérification.
Ultérieurement, la prisée de 1450-1451 (N.B 15887) ne signale pas de terres en culture parmi les propriétés de la seigneurie.
Il faudrait voir les Centièmes (XVIème et XVIIIème siècles) et la vente des biens nationaux (P.d.C. ,série Q) pour compléter ce chapitre.

Les bois.

D'après la prisée de 1450-1451, la seigneurie comprend l'Arbre à Leu (6 mencaudées ½ ), les Quatre bosquets (4 mencaudées ½), la Grande Carrière (5 mencaudées), la voyette Willot (6 mencaudées), le Domignon(5 mencaudées ½), la Buscaille (9 mencaudées), le Tremblel (7 mencaudées), le Quesnoy (8 mencaudées ¾), la Fontaine des Leux (7 mencaudées), soit au total 59 mencaudées (23 ha ½)
Est employé un garde des eaux et bois .

Les marais

Le triage (tiers) des marais de Beuvry.
Le triage du marais de Sailly (80 mesures) avec prés et tourbières.
Le triage de 240 mesures du marais de Labourse, où la communauté du lieu, les habitants de Noeux et Verquigneul ont un droit d'usage pour y faire paître leurs bestiaux.
A Angres 120 mesures de bruyères tenues en coterie.

La juridiction

La seigneurie possédait toute justice, haute, moyenne et basse, avec un échevinage de 7 membres. La charte de franchise concédée par le comte d'Artois à la fin du XVIIIème siècle (P.d.C.,A 48/1, publiée par G.Espinas, l'Histoire du droit municipal, Artois, t.II, 1938), et la rédaction des coutumes en 1507(Arch.Dép.de la Somme, B 227/12), les nombreux comptes de Beuvry (Arch.Dép.du P.d.C, série A et du Nord série B) permettent de dégager l'essentiel de la juridiction.
A titre d'exemple on trouve dans les comptes des condamnations à mort,par pendaison, pour meurtres, (N.B 150 25, 1360 ; B 15028, 1361) ou pour le supplice du feu pour Jehan Helle un « bougre », (homosexuel) (N.,B 15031 , 1362)
En 1395-96 le gibet « tout pourri », est remplacé par un neuf, avec 3 hauts piliers de chêne (N.,B15043) .

Les fiefs.

Relevaient de la châtellenie, 40 fiefs possédant moyenne et basse justice qui font l'objet d'une statistique féodale.

 

Les Seigneurs de Beuvry

 

bordure basse

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