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Extrait de la monographie de Beuvry de M. Tillier, instituteur - 1900

Le nom de Beuvry apparaît pour la première fois avec un diplôme de Charles Chauve contenant donation de l'église de ce lieu à l'abbaye de Marchiennes en 878. Faute de documents, nous ne pouvons expliquer comment l'abbaye de Marchiennes cessa de posséder ce bénéfice. Mais, près de trois siècles plus tard, en 1152, une bulle du pape Eugène II accorda l'église de Beuvry à l'évêque d'Arras qui possédait déjà à Beuvry une seigneurie. En l'an 1200, un seigneur Geneviéve, propriétaire de la seigneurie de Beuvry, l'aurait vendue au roi de France, Louis VIII, fils de Philippe Auguste et d'Isabelle d'Hainaut, comtesse d'Artois. Elle aurait passé ensuite aux mains de Robert 1er, comte d'Artois, second fils de Louis VIII, par la donation qu'il lui fît de ce comté. Sous Louis IX, Jean de Médonchel et Marie, dame de Beuvry, auraient vendu cette terre ou peut être un fief en dépendant à Robert II, comte d'Artois, en 1266 et 1268 avec le manoir et la forteresse (dict arch et hist du P de C).


Le fief de Beuvry était alors en titre de châtellenie avec château fort. Les comtes d'Artois y faisaient percevoir par un prévôt qui les tenait au cens de 100 livres l'an avec 100 sous de recroît (compte de Beuvy de 1302). Bonne d'Artois apporta en mariage le domaine de Beuvry à Philippe le bon, duc de Bourgogne. Celui-ci le légua en 1445 à son fils naturel, le grand bâtard de Bourgogne, dont les descendants l'ont possédé jusqu'au XVI éme siècle. A cette époque, la dernière héritière (Anne de Bourgogne) le fit passer d'abord dans la maison de Horne, par son mariage avec le comte Jacques de Hoine, chevalier de la Toison d'Or, puis dans celle d'Hénin Liétard par son mariage avec Jean d'Hénin Liétard, 4éme du nom, comte de Bossut ou Boussut, chevalier de la Toison d'Or, grand écuyer de Charles Quint, colonel de sa cavalerie légère, grand bailli des eaux et forêts de la province du Hainaut, seigneur de Chocques et de beaucoup d'autres lieux, décédé en 1563.


Le dénombrement de Beuvry a été rendu vers cette époque à Philippe II, roi d'Espagne, par Pierre Bossut, fils de Jean 1er. La seigneurie de Beuvry resta dans cette maison jusqu'au milieu du XVIII éme siècle. Le dernier comte de Bossut étant mort sans postérité en 1721, la seigneurie de Beuvry fut attribuée à sa veuve, tant à cause de son domaine qu'à cause de ses autres revenus sur la succession de son mari. Au décès de la comtesse, ses neveux, fils de son frère le marquis de St Floris, prince de Ghistelles, réglèrent les droits avec les héritiers des comtes de Bossut et devinrent propriétaires de la totalité du domaine tant à raison des droits de leur tante qu'au moyen de l'acquisition qu'ils firent du surplus. La famille de Ghistelles s'établit à Beuvry et elle en était encore en possession à la Révolution. Le dernier seigneur fût Philippe Alexandre de Ghistelles, marquis de St Floris et Croy, baron d'Eclimeux, créé prince de Ghistelles en 1760 par l'empereur d'Allemagne. Il était membre des états d'Artois pour la noblesse. En s'établissant à Beuvry, la famille de Ghistelles avait fait raser la forteresse féodale, qui tombait en ruines et dont il ne reste absolument aucun vestige, pour la remplacer par un château moderne qui fût à son tour détruit sous la Révolution. L'ancien château fort, dont l'origine remonte sans doute aux premiers siècles de la féodalité, était construit en grès, défendu par plusieurs tours dont quatre étaient encore debout en 1733. Elles avaient neuf pieds et demi d'épaisseur au premier étage. Le grès, dont le tout était construit, de même que celui dont est bâtie l'église de Beuvry, provenait sans doute des collines de sable contre lesquelles se trouve adossé le village et où, à diverses reprises, les seigneurs de Beuvry ont fait exploiter des carrières. La petite rivière de Louanne passait derrière le château et en alimentait les fossés. Le dernier prince de Ghistelles émigra en 1792. On raconte qu'il partit sans tambours ni trompettes, c'est à dire qu'il délogea secrètement la nuit, après avoir préalablement fait envelopper d'étoupes et de linges les roues de ses voitures et les pieds de ses chevaux. Il mourut en exil et ses héritiers n'essayèrent pas, sous la Restauration, de réclamer le domaine de Beuvry qui avait été vendu comme bien national. Du château construit en 1743 par le prince de Ghistelles, il ne reste qu'une aile achetée il y a quelque quinze ans par M Leclercq, ancien instituteur de la commune.

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