Etymologie du Préolan
L’usage en 2018 veut que l’étymologie du nom de l’un des hameaux de Beuvry, le Préolan , corresponde à une
paronymie de Pré au Lin . Le fait que 13 liniers1 soient recensés à Beuvry en 1911 y est sans doute pour quelque chose.
L’abbé Julien Bacon dans son BEUVRY sur LOISNE donne cette possibilité sans conclure vraiment :
{Préolan, est-ce la terre de lin, comme beaucoup semblent le penser ?
Peut-on en déduire que le Préolan n’est autre que le Pré au Lin ?}
Plus loin, sans grande conviction, il note l’existence d’un document de 1296 orthographié « Pré Ollant » et un autre de 1374 portant la mention de Pré Aullant . Tout en l’évoquant, il n’ose faire dériver Ollant de ‘olo’ ou ‘ŏlĕo’ qui signifierait : terre dégageant une bonne odeur.
Il penche plutôt pour le nom propre d’un propriétaire.
Mais l’inventaire des hameaux et dépendances de Beuvry dans le Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais. T1. 1873-1883. HAIGNERÉ Daniel (1824-1893), signale la présence du hameau de « Pré Olent ». Cette orthographe relance le débat sur l’étymologie de « Préolan ».
Dans le dictionnaire Gaffiot, on note page 1076, à la rubrique : « ŏlĕo, ŭi, ĕre, 1 avoir une odeur…bene olent quia nihil olent (mulieres) CICERON dans sa lettre de l’Attique. 2, 1, 1, : les femmes sentent bon parce qu’elles ne sentent rien… ».
Le dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) de Godefroy précise : olent, olant, oulant,oilant, oillant, ouliant, adj., qui exhale de l’odeur, odoriférant, parfumé…s’est aussi employé pour dire qui exhale une mauvaise odeur.
Le dictionnaire étymologique et historique du gallo-roman (français et dialectes d’oïl, franco provençal, occitan, gascon) donne pour olent la traduction : Ablt. — olant adj. « qui exhale une mauvaise odeur »
L’étymologie qui pourrait convenir pour « Préolan » suivant l’orthographe médiévale serait donc celle de « Pré Odorant ». Reste à imaginer la qualité de l’odeur exhalée par ce pré. Peut-être s’agissait-il de l’odeur des fleurs de lin? Plus sûrement, l’odeur particulière ou désagréable émanait-elle de la décomposition carbonée des tourbières qui y ont été longtemps exploitées ! D’ailleurs le Journal des Chambres de Commerce du 25 avril 1908, page 523, incite à le penser. Il relaye de manière trop enthousiaste une annonce fracassante faite dans le bulletin la « Réforme économique » : On y déclare la découverte d’une source de pétrole comparable comme débit et comme rendement aux plus belles de l’Amérique et de la Russie. Repris de l’Écho du Nord, le bulletin rapporte qu’on procédait depuis huit jours à des sondages dans une lande, propriété de MM. Wibaut et Jude, brasseurs à Beuvry, en vue de la recherche d’eau potable pour les besoins de la population marinière, toujours nombreuse à cet endroit de stationnement, quand soudain a jailli de terre un écoulement à flot qui ne cesse depuis lors, formant dans les champs d’alentours un lac odorant et visqueux.
...En l’absence de nouvelle explication, celle-ci est vraisemblable. D'ailleurs, dans les recensements de 1861 à 1876, le hameau s’orthographie « Préolant ».
Ce n’est que dans le recensement de 1886 que le « t » disparaît donnant « Préolan ».
Philipe BOUKNI. Mai 2018