Extrait de la monographie de Beuvry de M. Tillier, instituteur - 1900
A part quelques familles protestantes, les habitants de Beuvry professent la religion catholique. La première famille est venue de Festubert il y a 20 ans environ. Le chef de cette famille changea de religion à l'occasion d'un démêlé qu'il eut avec son curé. En 1789 Beuvry était le chef lieu d'un des 35 doyennés qui composaient l'ancien diocèse d'Arras et il embrassait dans sa circonscription 13 paroisses et deux annexes. C'est seulement en 1756 que l'on voit Ch. Delangle, alors curé de Beuvry, joindre à son titre celui de doyen de chrétienté qu'il conserva jusqu'à sa mort et que M. Brassart son successeur conserva pareillement. Le titre de doyen, avant la révolution n'était point attaché à la cure : c'était un titre personnel.
Depuis le rétablissement du culte catholique Beuvry est devenu un doyenné proprement dit quoique n'étant pas un chef lieu de canton. Il comprend 17 paroisses : Annequin, Auchy, Beuvry, Billy-Berclau, Cambrin, Cuinchy, Douvrin, Festubert, Givenchy-les-La Bassée, Haisnes, Labourse, Noyelles, Richebourg l'Avoué, Richebourg St Vaast, Sailly-Labourse, Vermelles, Violaines.
Avant la Révolution, les revenus de la cure de Beuvry s'élevaient en biens fonds à 1800 livres. Aujourd'hui la cure ne possède aucun revenu. Ceux de la fabrique étaient de 900 livres environ avant la Révolution ; aujourd'hui ils ne sont plus que de 700 francs environ.
Comme nous l'avons déjà vu, l'église de Beuvry dépendait, dès l'année 878, de l'abbaye de Marchiennes [Remarque de M. le docteur Bourgeois : aucun document n'attesterait ce fait]. Mais en 1152 le pape Eugène II concéda cet autel à l'évêque d'Arras qui l'a gardé sans interruption jusqu'à nos jours. Les habitants de Beuvry montraient autrefois beaucoup de zèle et de générosité pour l'entretien de leur église. Dès l'année 1533 on les voit consacrer des sommes relativement énormes à élever ce monument de style ogival qui est encore debout aujourd'hui malgré les désastres considérables d'un grave incendie survenu en 1802. Un peu plus tard on trouve cette église en possession d'un carillon, d'une horloge et de six belles cloches dont 4 furent refondues peu de temps avant la Révolution au prix de 5464 livres pour former d'autres accords. La fabrique contribua à cette refonte pour la somme de 3300 livres qu'elle tira de son vieux coffre-fort ; la confrérie Notre-Dame pour 550 livres, le baron d'Eclimeux pour 500, le prince de Raches pour 300. La plus petite des cloches pesait dix-mille livres. Elle portait cette inscription : " Je m'appelle Françoise, 10 mille livres je paize ". Aussi voit-on s'établir en 1681 une confrérie de 24 sonneurs chargés d'effectuer toutes les sonneries des offices paroissiaux et cela gratuitement ou plutôt, comme il est dit dans le règlement, " pour rendre service à Dieu, à Monsieur St Martin et à tous les saints du Paradis ". Ce fut seulement aux approches de la Révolution que cet usage disparut.
Une autre confrérie plus ancienne que celle des sonneurs est celle de St Eloi. En 1188, le mal des ardents, la peste, faisait de grands ravages à Beuvry et à Béthune. C'est alors que deux pauvres forgerons Gaultier de St Pry et Germon de Beuvry eurent simultanément la même vision. Le saint qu'ils honoraient comme leur patron, St Eloi, leur apparut au milieu de la nuit et leur prescrivit de réunir leurs efforts dans le double but d'assister les malades et d'enterrer les pestiférés. C'est pourquoi, sur les conseils supérieurs du prieuré de St Pry, ces deux forgerons établirent deux confréries, l'une à Béthune, l'autre à Beuvry pour emplir cette pénible mission. La confrérie de Béthune s'est modernisée, celle de Beuvry est restée plus fidèle aux anciennes traditions. Les charitables de Beuvry ont gardé notamment le grand manteau de la tenue primitive, et l'usage deux fois l'an, à la fête de St Eloi d'été et à celle d'hiver, de parcourir la commune, entrant dans chaque maison pour faire toucher aux gens et aux animaux un reliquaire ou soi-disant reliquaire de St Eloi, et la marteau attribut du saint. La procession anniversaire de la rencontre des forgerons a lieu le dernier dimanche de septembre, et s'appelle la procession à naviaux à cause du plat traditionnel de navets que les charitables de Beuvry et Béthune mangeaient ensemble après la cérémonie. Ce repas de navets a cessé d'avoir lieu depuis environ un siècle ; on y substitua des gâteaux et du vin blanc. Mais les meilleurs usages se perdent et ces fraternelles agapes ont tout à fait disparu.
L'église brûlée en octobre 1803 resta sans toitures et ce n'est qu'en 1823 qu'on songea sérieusement à la réparer. Plus tard l'intérieur en fut totalement badigeonné au lait de chaux ; cette opération lui enleva son cachet primitif. Ce cachet lui fut rendu en ces derniers temps par le curé doyen actuel qui remit à jour le grès des colonnes et des arcades et y fit exécuter d'autres travaux importants. En 1791 M. Brassart curé doyen de Beuvry prit le chemin de l'exil. Le 30 mars 1792 arriva un prêtre constitutionnel du nom d'Auguste Caron. Il se maria en 1794. Il avait pour vicaire C.f. François. Un prêtre de l'oratoire nommé Hadollier baptisa secrètement ainsi qu'un autre du nom de Maniez qui était un ex-jésuite. A partir du 15 juillet 1797 on voit M. Philippe Joseph Rambure desservir la paroisse comme missionnaire. Le 16 février 1803 M. Stanislas Louis fut nommé curé de Beuvry. Il eut pour successeur :
M. Chiez curé doyen nommé le 19 septembre 1836,
M. Bayard nommé le 11 janvier 1850,
M. N.Cloet nommé le 16 février 1856,
M. Bondewelle nommé le 21 avril 1885 à nos jours 1902.
M. Rault…………….1906
M. Dehaix…………..1910.
M. Hulot…………….1912.