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Parcours Belleforière

Note Historique : Manoir de Belleforière (VMF / Fondation du patrimoine)
Propriété privée

 

Château, ferme ou manoir … au delà de classification architecturale, la vocation et l’appellation populaire de Belleforière, située depuis 700 ans au cœur de la commune de Beuvry, ont évolué selon les époques : ferme du château fort de Beuvry, résidence des seigneurs de Coupigny, seigneurie vicomtière …ou encore manoir faisant partie d’une ligne de défense de long de la Loisne.
Belleforière, Belle-forrière, Belle-fourrière …Les premières traces historiques nous emmènent dans le Douaisis, fief des seigneurs de Belleforière, à l’origine de la création du Château de Belleforière à Beuvry.(Bevri à l’époque, du nom de la famille chevaleresque attestée dés 1138). Belleforière, signifiant « bonne terre à fourrage » est donc simplement le nom de la famille seigneuriale initiale, nom dont les déclinaisons furent multiples au fil des siècles, dès qu’il y eut dissociation entre le nom du lieu-dit et le nom des seigneurs y résidant.

Le manoir de Belleforière est une grande ferme carrée, proche de la Loisne, surmontée d’une petite tour carrée que l’on appelle habituellement « le pigeonnier royal ». Cette ferme fortifiée était entourée de fossés alimentés par la Loisne. Elle faisait partie d’une ligne de défense constituée par la rivière la Loisne, avec comme point principal le château fort de Beuvry, château comprenant également des douves larges et profondes alimentées par la Loisne (cette forteresse imposante comprenait six tours dont un donjon ; dans la partie haute de l’intérieur, se trouvaient la résidence du seigneur de Beuvry, une chapelle, quatre fortes prisons, etc… alors que dans la basse cour se trouvaient une ferme, les écuries, les réserves et les greniers à blé, avoine, fourrage, …). Par rapport à ce château, Belleforière était une ferme basse, dont le pigeonnier servait d’observatoire et ou toutes les portes et fenêtres donnaient sur la cour intérieure. Les petites ouvertures pratiquées dans les murs extérieurs servaient à l ‘aération des étables et des écuries en temps de paix, et de meurtrière en temps de guerre.

 

La Loisne constituait une ligne défense avec le château de Beuvry, en tant qu’obstacle naturel, et car une ligne de manoirs suivaient son cours (Teigneville, Belleforière, Estracelles, Quesnoy, les Mottes, la Loisne). Ces manoirs étaient épaulés à certaines époques par les châteaux de Bellenville, du Beau-Marais, du Manoir de l’avoué, sans oublier les murs d’enceinte qui entouraient la prévôté de Gorre. Le rôle particulier joué par Belleforière dans ce système de défense n’est plus vérifiable aujourd’hui, mais il est très probable que, dans le sous-sol de sa tour carrée, se trouvait le centre d’un réseau de galeries souterraines qui reliaient Belleforière au donjon du château–fort de Beuvry, à la cave refuge de l’église Saint-Martin, ainsi qu’aux manoirs de Teigneville, d’Estracelles et du Quesnoy. 

La première trace de cession remonte à 1306, date à laquelle Hachin Faverel, sans doute un bourgeois de Béthune, vendit à Ernoul Caffet, le receveur d’Artois, peut-être lui aussi un bourgeois de Béthune, le château de Belleforière (un fief considérable) avec ses terres et ses tenanciers pour la somme de 1000 livres. Cette même année, des travaux importants de réfection et de renforcement des fortifications du château fort de Beuvry furent réalisés.
Au XVème siècle, le domaine de « Belle-forrière » appartient aux De Le Val. Le 12 Avril 1499, Martin de Le Val et Hutin, son fils ainé, vendent à Jacques de Coupigny, seigneur de Sallau, le fief de « Belle-forrière », manoir amazé, enclos de fossés, jardins, bois, prés, terres… avec première justice et seigneurie vicomtière, tenue du Grand Batard (Antoine de Bourgogne), en raison de son Château de Beuvry à 60 sols parisis de relief (droit de mutation dû au suzerain en cas de transmission d’un fief). Depuis 1445, la terre et seigneurie de Beuvry appartient en titre au Grand Batard de Bourgogne ; fils naturel de Philippe le Bon, duc de Bourgogne et de sa maîtresse Jeanne de Presle (ou de Prelles). Bien qu’il l’ait reçu de son père, il n’en prendra possession qu’à la mort de la comtesse de Ligny, veuve de Jean de Luxembourg, comtesse douairière de Beuvry. C’est ce Jean de Luxembourg, comte de Saint-pol, de Ligny et de Beuvry, qui fit prisonnière Jeanne d’arc devant Compiègne et la vendit aux anglais pour 10.000 ecus d’or. « Belle-forrière » est donc une seigneurie vicomtière, dépendant du comte de Beuvry. 

« Belle-forrière » est ensuite restée dans la famille de Coupigny pendant prés de 3 siècles ; la plupart des seigneurs de ce nom y ont demeuré. La pierre tombale dressée sous le porche de l’église St Martin de Beuvry est celle de Philippe de Coupigny, chevalier, seigneur de Coupigny, Hersin, « Belle-forrière », etc, qui trépassa le 20 du mois de mars 1627 et de madame Magdeleine de Flechin, son épouse. La verrière de la chapelle St-Eloi placée en 1577 portait les armoiries de la maison de Coupigny : d’azur à l’écu d’or en abîme ; on peut également préciser que cette chapelle dédiée à St Eloi avait été considérablement enrichie par la famille de Coupigny.

 

En étudiant la généalogie des Coupigny, on constate que Catherine de Coupigny sera la dernière représentante de la famille de Coupigny à posséder Belleforière. En effet, Catherine de Coupigny s’est mariée en premières noces avec Charles de Berghes, qui a transmis Belleforière à leur fils Pierre, et lui-même à son fils Jean. Puis, c’est la fille de Jean [ ou sa sœur ? ], Marie-Hélène de Berghes, qui héritera de Belleforière.
Par ailleurs, on retrouve, dans les registres paroissiaux, une mention en date du 22 Juin 1696 : « décés de Noble dame Anne Hélène de Berghes, femme à Messire Henry Philippe de Haynin, baron de Berneuille… ». Or, dans divers documents, on retrouve le nom du Baron de Bernieulle (c’est le cas en 1689, 1702, 1704, 1705). Puisque les Berghes avaient succédé aux Coupigny comme seigneurs de Belleforière, le baron de Haynin, ou de Bernieulle ayant épousé Marie Hélène de Berghes devait occuper le château de Belleforière fin XVII, début XVIII. En effet, sur une carte militaire datant d’Aout 1709, réalisée par le sieur Nandin et représentant les fortifications entre Béthune et La Bassée, Belleforière est représentée et porte la mention « Berneuil Château ». Cette carte atteste à l’époque de l’importante militaire de Belleforière, car seul ce type d’ouvrage y est représenté (le manoir de l’Estracelles, par exemple, n’y figure pas).

A cette époque, en 1698 plus exactement, les bâtiments actuels furent édifiés sur la base des anciennes constructions. Une pierre portant cette date est présente dans le mur extérieur de l’aile est, aile orientée à l’époque côté jardin.

Belleforière passa ensuite dans la famille de Baynast.

Le 17 Février 1876, Monsieur Albert Honoré Alexandre Marquis de Baynast de Septfontaines époux de MmeWilhelmine Marie Andrée des Essarts, résidant à Béthune, transmet « le Château de la Belle-forrière » à son petit-fils, M. le Marquis Georges de Baynast de Septfontaines. Ce dernier le transmettra à son tour, ainsi que de nombreux autres biens, le 30 Avril 1937 à l’un de ses trois fils, Monsieur le Comte Lionel de Baynast de Septfonfaines demeurant à Etaule, dans l’Yonne. La propriété est alors décrite comme une ferme comprenant granges, étables écuries et dépendances, sur et avec 24 hectares étant occupée depuis 1936 par Monsieur Dehosse, cultivateur.

Monsieur le Comte Lionel de Baynast de Septfontaines cèdera la propriété en 1970 à Monsieur Rolland Catteau-Alluin, cultivateur, qui l’occupait depuis 1963.

M. Catteau effectuera de nombreuses transformations dans les bâtiments existants afin de faciliter l’élevage intensif de porc et les cultures d’endives ; bâtiments qui resteront ensuite de nombreuses années à l’abandon, sans entretien.

Enfin, la propriété sera vendue en Avril 2001 à M. et Mme Delbarre-Duquesne, et obtiendra en Juin 2002 le label de la Fondation du Patrimoine, et le label "Patrimoine Historique" des Vieilles Maisons Françaises en 2004.

 

Sources documentaires    
  • Dictionnaire Historique et Archéologique du département du Pas-de-Calais publié par la Commission départementale des Monuments Historiques / Arrondissement de Béthune TOME I (1875) Bibliothèque de Béthune.
  • Epigraphie du département du Pas-de-Calais publié par la Commission départementale des Monuments Historiques TOME II 1er fascicule (1889) Bibliothèque de Béthune.
  • Beuvry sur Loisne TOME 1, auteur : l’abbé BACON (Bibliothèque de Beuvry).
  • L’église Saint-Martin à BEUVRY, auteur : l’abbé BACON (Bibliothèque de Beuvry).
  • Confrérie des charitables de Saint Eloi établie à Beuvry en 1188.
  • Les Chapelles de Saint-Eloi à Beuvry par Michel GALLAS – Secrétaire de la section du bas Beuvry (le 28-08-1997).
  • Histoire de Béthune et de Beuvry, sous la direction d’Alain Derville – Westhoek editions (Bibliothèque de Béthune)
    « Carte très particulière du pays compris entre Béthune , La Bassée, Berclau, le Canal de Douay, le cours du ruisseau de Lens et son canal où est exactement marquée la ligne de La Bassée establye entre le marais de Cambrin et le Flot de Wingle, et celle du canal de Douay depuis Wingles jusques à Courrière – Levée sur les lieux avec soin par le sieur Nandin, Capitaine et ingénieur ordinaire du Roy, à la suitte des Armées de sa Majesté en Flandres » Fait à Lens, le … Aoust 1709 – Nandin (Archives militaires du château de Vincennes).
  • Courrier de M. Michel Gallas à M. Guillaume Delbarre du 19 Février 2002 ayant pour objet la carte militaire de 1709 décrite ci-avant et le Baron de Bernieulle.
  • Acte de donation partage par Monsieur le marquis Georges de Baynast de Septfontaines à ses trois enfants, M.M. les comtes Jean, Jacques et Lionel de Baynast de Septfontaines du 30 Avril 1937 (Archives de Maître Vandomme, notaire à Béthune).
  • Acte de vente par Monsieur le comte Lionel de Baynast de Septfontaines à Monsieur et Madame Roland Catteau-Alluin du 14 et 21 Mai 1970 (Archives de Maître Vandomme, notaire à Béthune).

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